Kid Caïd leva par réflexes ses mains, sa sueur avait déjà trempée entièrement son tee-shirt, se mélangeant à la crasse de sa peau. Son regard cherchait en vain une issue…
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Qu’est-ce que tu fous ?! hurla-t-il, le regard soudain implorant.
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On m’a dit vivant ou mort. Elle le va son flingue dans sa direction.
Ta dépouille vaudra moins chère que si je te ramènes tout gigotant, mais vu le mal de chien que j’ai eu à te retrouver pourriture puante, je me demande si ça ne vaut pas le coup de perdre 20% du prix de ta tête plutôt que te laisser une chance de te carapaçer. -
Putain arrêtes, tu décon…
- Ferme la et fous-toi à poil, lui lança-t-elle, le regard mauvais, sourire aux coins des lèvres.
Kid la jaugea des yeux… Elle ne plaisantait pas, et il savait qu’il valait mieux obéir, même s’il ne comprenait pas où elle voulait en venir.
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Au moins comme ça, je récupère mes 20% et je suis plus sereine quant aux idées d’évasion qui te trotterais dans la tête, plus dur de passer inaperçu quand on se ballade nu comme un vers. Pas con ça.
Il l’avait mal jugé, d’ailleurs sinon il n’en serait pas là.
Il n’arrivait toujours pas à comprendre comment elle avait réussi à le dénicher. Il n’avait dit à personne où il allait, et était pratiquement sûr de ne pas avoir été suivit. Il se retrouvait maintenant en caleçon devant elle.
Caleçon tout aussi miteux que son tee-shirt qu’il venait de rouler en boule et de lancer sur une vieille caisse en bois. Au loin il entendait les voitures qui passaient dans la rue.
Elle le traina jusqu’à son véhicule, le poussa sur le siège arrière en claquant la porte. Bien sûr la porte n’avait pas de verrou intérieur.
Il grogna.
Au moins il faisait moins froid qu’à l’extérieur, et surtout on ferait moins attention à sa nudité que dehors, ou plusieurs passants l’avait siffler en se marrant.
Elle se plaçant derrières les commandes, ordonna à l’ordinateur de bord de les emmener à une adresse qu’il ne connaissait pas.
Elle jeta un regard à son rétroviseur, se permit un nouveau sourire, soupira et s’étira :
- Au moins, toi tu m’aura fait courir dit-elle toujours souriante,
mais la seule personne qui m’ai jamais résisté avait plus de perspicacité que toi, beaucoup, beaucoup plus. Ce n’était qu’une question de temps. Il la regarda attentivement.
Il était difficile de voir en elle quelque chose d’humain.
Bardée d’appareils cybernétiques, notamment d’un processeur à commande vocale dernière génération (bien qu’il en refourguait depuis pas mal de temps, il n’avait jamais vu ce modèle, même la marque ne lui disait rien), ses oreilles de chats lui donnait une allure féline.
En revanche contrairement aux nekos qu’il avait souvent pu rencontrer, sa queue était plutôt d’aspect arachnéenne, et surtout… Mécanique et électronique, et ça, c’était bien la première fois qu’il en voyait.
Intelligente et suréquipée. Pas un bon mélange pour lui ça.
Il grommela quelque chose. Elle fit semblant de ne pas entendre et appuya sur la commande de démarrage.
Elle arriva chez elle, dans son appartement d’Odysseus. Elle avait été absente longtemps, ses différentes missions l’ayant conduit toujours plus loin. Et sa ville lui avait manqué. Tout avait changé. Elle s’en doutait. La cité évoluait. Comme une plante trop nourrie, elle poussait.
Elle décida de prendre quelques jours de congés, elle avait économisé suffisamment pour se le permettre.
Et puis, ses prochaines missions, elles les choisirait si possible en ville. Au moins son appartement n’avait pas changé. Elle aimait son chez soi, son labo, son bureau, la plaque « Nyctalopian Kawaguichi, Chasseuse de Primes » qui ornait celle-ci Elle aimait son chez soi.