----- IDEE GLOBALE-----
2200.
65 ans environ après la grande guerre marquant l'holocauste de la 3ième G.M, un personnage refait surface, réveillé par des personnes intéressées par ses compétences.
A savoir, un des derniers membres connus encore vivant d'une ancienne firme cybernétique, placé sous sommeil artificiel à la suite d'un crash et d'un accident de vol lui ayant coûté une bonne partie de la motricité de ses mains.
Ex-pilote de combat, ex officier, ex-ingénieur cybernétique, ex-chef d'entreprise.
Consultant pour la Crystal, en tant que professionnel des technologies cybernétiques datant d'avant la grande guerre, pilier de bar et incapable de sourire, ou presque, Senn est un homme au passé trouble.
Une seule certitude.
Il déteste faire des vagues et se faire remarquer.
On ne lui connait que deux accoutrements, diamétralement opposés.
Costard cravate quand il travaille pour la Crystal, en tant que consultant indépendant.
Jean usé, tanker quand il arpente les bas fonds de la ville.
Marié à une ex-pilote d'essai, elle même ingénieur cybernéticienne.
Une autre facette de sa personnalité ne transparaissant que plus rarement, est celle d'organisateur et d'homme d'action.
Des contacts à la Crystal, incontestablement, mais pas uniquement.
Quels sont ces contacts? mystère.
Il est possible que cela soit l'armée.
Sa femme y travaille, après tout.
Il semble bien informé. Trop. Et ne semble pas se limiter à travailler pour la Crystal.
Des connexions troubles. Mais rien de prouvé.
Un détail qui a son importance.
Une des seules façons de lui faire perdre réellement son calme, est d'évoquer le fait que sa femme pourrait "se planter".
C'est sa hantise, livrée à mi mots. Sa femme est une excellente ingénieur cybernéticienne, et elle travaille sur la partie humaine d'un programme de pilote d'essai, mais les appareils qu'ils testent, elle et son équipe, sont hypersoniques au niveau de la mer.
On en sait pas davantage sur sa femme. Il est très discret à ce sujet.
Il l'évoque souvent, mais ne rentre presque jamais dans le détail.
Tout au plus connait on son apparence générale, et l'a t on croisée une ou deux fois.
Senn joue sur son passé.
Il en joue, dans le sens où personne ne sait exactement qui il est.
Et c'est très précisément ce qui l'arrange et qu'il recherche.
Moins l'on en sait sur lui, mieux il se porte.
Mais dans un monde où les informations valent de l'or, après tout...
Combien vaut il?
---BG DEFINITION POSSIBLE---
4h45.
La jeune femme se leva. Elle sourit en s’habillant, se tournant vers la forme allongée dans le lit. Féline, elle s’agenouilla près de lui, et posa en douceur son visage près du sien.
Il était encore sortit tard la veille.
Elle huma doucement son haleine et grimaça. Vodka.
Bon…
Il s’était encore pinté.
Elle le fit rouler sur le dos, et posa un index sur son torse, taquine.
Un chuchotis.
« Si tu te pintes encore, je te tape, chéri. »
Il grogna.
Elle posa son front contre le sien, et rougit quand il l’enlaça, et l’entraîna de force dans le lit.
Elle lutta, souriante, sachant que s’ils commençaient, elle allait arriver à la base avec une demi journée de retard.
C’était le genre de la maison.
Tendrement, elle murmura fermement, en se traitant d’idiote tout en le repoussant :
« Sage. Ce soir.»
Ils se sourirent dans la pénombre. Il avait ouvert les yeux.
« Tu es une sacrée garce. Je t’aime.»
« Et toi, un pervers fini, chéri. Idem.»
« Tu n’as pas de temps ce matin ? »
« Non… Le joint d’étanchéité fuyait hier soir sur le prototype, et… »
Elle poursuivit, détaillant les petits bobos du dernier-né de l’armée de l’air, sur lequel elle travaillait comme consultante sur la partie humaine de l'interface cybernétique. Plus de vols. Merci. Merci, merci.
Il s’était redressé, et l’écoutait attentivement.
Ils se croisaient en ce moment.
Oh, oui, bien sûr, arrêter. Oui. Dès que ce boulot ci serait terminé, bien sûr.
Elle était lasse de ces tests… Lasse de beaucoup de choses, et il le savait.
Il prenait son mal en patience.
Et elle faisait des énormes efforts pour se libérer le plus tôt possible.
Elle l’embrassa longuement.
« Sois prudente. »
Elle grogna, souriante :
« Oui, papa. Et lâche moi. A ce soir.»
L’un comme l’autre savaient que les essais étaient dangereux.
Terriblement dangereux.
Elle se redressa, et murmura :
-Ouverture porte, lumière tamisée, température pièce, 25°.
Elle s’arrêta sur le seuil de la chambre, se retournant :
-Tu es chou quand tu t’inquiètes, tu sais, ça ?
La réponse fut fulgurante :
-Va rôtir en enfer !
-J’y cours. Et toi, si tu bois, ce soir, pas de câlins.
Il baissa la tête, et impulsivement, elle revînt à lui, lui prit la tête entre ses mains, et l’attira contre elle.
Elle murmura, farouchement : « Je t’aime, idiot. Ne t’inquiète pas, et ne bois pas trop. »
Il hocha la tête, malheureux comme les pierres.
Elle-même, derrière son sourire qui s’effaçait sur un « A ce soir… » Sentit son cœur se serrer.
En quittant l’appartement qu’ils occupaient, elle appuya sa tête contre la vitre de l’ascenseur.
Cela serait son dernier prototype. Promis.
Parole du capitaine Sullivan au major Sullivan.
La ville, sous ses yeux, projetait ses lumières bleutées. Il avait tourné la tête.
Il murmura d’une voix calme, étendant la main pour allumer son premier cigarillo de la journée :
-CanalSatNet 6. Lumière bleue. Température pièce 20.
Tandis que le canal des nouvelles économiques s’allumait, que la température de la pièce chutait et que la lumière virait au bleu doux, il se redressa lentement, s’étirant douloureusement. Bon. Boire moins. Bon plan.
Nu comme un ver, il se dirigea vers la douche, et tout en écoutant les nouvelles, paramétra un jet d’une température à faire fondre un bœuf.
Le tatouage dans son dos fut couvert par ses cheveux quand il les ramena en arrière.
-Ce matin, un nouveau convoi de la Crystal, fortement escorté, a été attaqué par un groupe non identifié. C’est le troisième convoi ce mois ci.
Il fronça les sourcils et coupa l’eau, attentif d’un coup, tous ses sens focalisés vers le poste.
-… On se perd en conjectures sur les auteurs du méfait. Ainsi qu’il fallait s’y attendre, Xenon Biotechnologies a immédiatement démentie toute possibilité d’implications, et rappelle que deux accidents similaires se sont produits sur le secteur Xena 14, et que la Crystal avait semblée être la responsable. De fait, l’enquête est toujours en cours, et rien ne vient…
Il ralluma la douche, d’une voix tranquille. Parfait.
Il s’habilla rapidement, et dix minutes plus tard, sortait du bloc d’immeuble de la ville haute où était leur domicile.
Habillé en costard cravate, de cet air guindé et faussement « de la haute », il marcha jusqu’à un immeuble imposant, et eut son sourire charmeur à la secrétaire qui attendait le rendez vous de l’un des responsables de la Xenon.
Une fois introduit, la séance de travail commença.
Elle fut courte, précise, concise et d’un ennui mortel.
Profitant de l’absence temporaire de son hôte, il ouvrit sa mallette, et d’une pression subtile fit pivoter un double fond. En sortant une sorte de cylindre rectangulaire, il enfonça ce dernier dans la prise de donnée standard, et murmura :
-Activation transfert. Code CT44-2.
Le code activait un transfert de donnée sur la signature numérique d’un responsable de la Crystal, auquel il avait rendu visite deux semaines auparavant.
Ils étaient installés à Odysseus depuis un mois.
C’était sa première visite officielle à la Xenon, et cela serait la dernière officielle.
Sous cette identité.
Le statut qu’il avait auprès de la Crystal l’identifiait de façon formelle comme un consultant freelancer, ainsi qu’un ex-professionnel des anciennes technologies cybernétique d’avant- guerre.
De fait, il était le dernier membre du conseil d’administration avec pleins pouvoirs encore en vie sur l’ancienne firme qui intéressait si vivement la Crystal.
Attentif, avec des gestes précis, il regarda le transfert des données.
A 99%, il murmura :
-Activation Slasher.
Le slasher se mit en branle avec l’efficacité habituelle des virus informatique de cette famille.
Il enleva le cylindre de la prise 4 secondes précises avant que son vis-à-vis ne revienne dans la pièce. La séance se termina dans la bonne humeur, et ils prirent congés sur la base d’une nouvelle rencontre la semaine suivante.
Qui n’aurait jamais lieu.
Quelques heures plus tard, une silhouette que quelques personnes commençaient à connaître dans les bas fonds d’Odysseus apparut à l’entrée du bar « the last round ».
Jean usé, tanker… Et éternelles lunettes.
Il s’attabla, dragua gentiment les serveuses et les danseuses, jouant pleinement son rôle de pilier de bar, échangeant des commentaires désabusés avec la patronne…
Ce ne fut que tard dans la nuit qu’il prit la communication qu’il attendait, peu de temps après que le bar ait fermé pour la nuit.
Le comlink s’illumina, et deux appels retentirent. Puis l’appel coupa brutalement.
Le manège se répéta deux fois.
Accoudé nonchalamment à un pilier, attendant le dernier métro, il décrocha au troisième appel, regardant la foule, perpétuelle à toute heure dans la mégapole, et dit deux phrases, avant de raccrocher.
-Ici Dragon 4. Dite lui que c’est fait.
Bien trop court pour être localisé. Ou compris.
En rentrant, les mains dans les poches, « Dragon 4 » pensait aux opérations futures. Et à celles passées. Il était 3h du matin.
Des flashs lui revinrent, douloureux. Le dernier missile… La vrille. Les n°2 et 3…
Il secoua la tête.
Terminé. Et depuis longtemps.
Trop longtemps.
Il ouvrit la porte et s’effondra sur le lit.
Un sourire las.
Celui d’une vieille bête. L’antiquité qu’il portait sur ses yeux à l’adamantium au cobalt se rappela à son bon souvenir, et il passa en mode recharge.
Il commanda que la lumière soit tamisée, la température adéquate.
Puis il attendit, allongé, torse nu, grillant un dernier Cigarillo.
Il somnolait quand elle entra.
Avec un sourire épuisé, elle s’approcha de lui à le toucher, lui enleva précautionneusement les lunettes, fixant le CIC-404 qu’il portait à l’œil gauche, puis lentement, très lentement, elle l’embrassa.
Il se redressa, comme elle commandait à la lumière de s’éteindre.
Avec un sourire, elle murmura :
-Bonsoir, chéri. J’ai une petite nouvelle pour toi. Je me suis arrangée. J’arrête après le projet.
Il hocha la tête en silence, et chuchota simplement, comprenant tout ce que cela signifiait, et irradiant peu à peu d’un bonheur sans nom :
-Viens.
Pendant qu’elle se jetait sur lui, il se fit une promesse. Bientôt, lui aussi arrêterait.
Elle avait le droit d’avoir une chance de paix. Et si quelqu’un devait tomber… Pas elle. Pas elle.
Ils s’unirent dans l’ombre.
En silence.
Comme toujours.
(Voili voilou. Pouvez tapez.
)